Dans un avion, les décisions prises par le commandant de bord s’efforcent d’anticiper toutes les phases de vol à venir. Qu’en est-il de celles qui devront être prises dans l’urgence ? C’est l’objet des procédures de vol et de l’entrainement en simulateur.
Une excellente connaissance des procédures alliée à une maitrise de leur mise en pratique, garantit la pertinence des décisions. Dans l’urgence, le cerveau réagit par une « boucle courte » en s’appuyant sur la quasi-certitude d’avoir la bonne solution. Hors de cette pression temporelle, le cerveau peut créer des stratégies différentes, il a le temps d’analyser : c’est la « boucle longue ». Les circuits neuro-décisionnaires sont différents, mais coordonnés. La « boucle courte » est celle de la manœuvre d’urgence, basée sur la confiance des processus préétablis. La « boucle longue » est l’anticipation d’un problème ultérieur ou l’élaboration d’une solution complexe avec beaucoup d’éléments interdépendants. Le pilote essaye en permanence de rendre cohérentes les deux boucles. A quoi servirait par exemple de résoudre un problème urgent au prix d’un autre problème à venir et peut-être encore plus difficile ? Plus tard, après le vol deux autres boucles d’intégration renforceront la pérennité de l’apprentissage.
Pour l’heure, cette cohabitation entre le temps immédiat de l’urgence, voire de la crise, et celui du moyen-long terme se rencontre aussi en entreprise. L’entrainement qu’offre le simulateur de vol pour les non-pilotes est un excellent moyen de vivre une expérience de ces deux boucles et de la transférer à la prise de décision en situation critique où l’immédiat doit être assuré tout en préservant les intérêts permanents. Les résultats sont étonnants car ils proviennent non d’un travail intellectuel pur, mais d’une transformation neurocognitive des processus décisionnaires.
